jeudi 26 février 2015

Modern Family modernise la caméra embarquée



Je sais que j’ai souvent tendance à m’émerveiller sur ce blog. Je fais parfois un peu de surenchère pour vendre des séries que j’aime bien et il peut m’arriver d’en rajouter un chouia pour être persuasif sur un sujet qui me tient à cœur. Mais là… là… je viens de voir un chef d’œuvre de la télévision. Un truc inédit, jamais vu auparavant ; en tout cas, jamais sous cette forme-là. Il faut absolument regarder le dernier épisode de Modern Family, le seizième de la sixième saison. J’ai déjà expliqué ici pourquoi je pensais que, même après plusieurs saisons, il était indispensable de suivre cette série. Ça n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui. Elle vient d’exceller dans l’exercice difficile et rare de l’épisode en temps réel réalisé intégralement en caméra embarquée.

Le pitch de cet épisode est simple : Claire est à l’aéroport de Chicago, prête à rentrer à LA après un voyage d’affaire. Juste avant d’embarquer, elle appelle son mari Phil pour prendre des nouvelles des enfants. Très vite, le couple se rend compte qu’Haley, leur fille ainée, a disparu. Claire met alors toute la famille en branle pour retrouver Haley.
L’énorme particularité de cet épisode est qu’on ne voit que l’écran de l’ordinateur de Claire. Et rien d’autre. Sur son mac, défilent les fenêtres Facetime, Internet et Facebook qui permettent à Claire de nous montrer l’intégralité de sa famille interagir avec elle. Détail supplémentaire et parfaitement géré, l’épisode n’a été tourné qu’avec des iPhones et des iPads. Le résultat est surprenant. Ainsi de vidéoconférence en recherche Google, on suit Claire mener l’enquête pour retrouver sa fille, et ce en temps réel (il lui reste 20 minutes avant de devoir embarquer).
Au-delà de la prouesse technique, l’épisode exploite parfaitement les contraintes imposées par ce format hors normes et relève le défi haut la main. Les nouvelles technologies sont brillamment mises en avant (merci Apple… mais pas que), mais toujours pour servir l’histoire. Les quiproquos, les runnings jokes, les piques font légion ; tout est parfaitement orchestré, tout va très vite, tout est drôle. Si les Dunphy sont particulièrement mis en valeur, les Pritchett (père et fils) ne déméritent pas. Sur le papier, il s’agit déjà d’un des meilleurs épisodes de la série. Mais avec cette forme inédite, on passe à un niveau supérieur.
Du grand grand art, vous dis-je.



Si Modern Family innove en utilisant si remarquablement bien les réseaux sociaux et les nouveaux modes de communication, elle n’est cependant pas la première à s’essayer à cet exercice de style hors normes qu’est la caméra embarquée :

X-Files, en février 2000, proposait l’épisode "X-Cops" (s7e12) : parodiant la célèbre émission de télé américaine COPS, qui montre des flics sur le terrain dans la réalité de leur métier, la série suivait alors, caméra au point, Mulder et Scully dans une histoire de loup-garou. Pas si intéressant sur le fond, l’épisode devenait truculent par sa forme. Tourné en temps réel, il laissait penser que tout était improvisé et que les mésaventures des deux agents du FBI étaient réellement prises sur le vif. De nombreuses scènes présentaient les héros en interaction direct avec les soi-disant journalistes-cameramen de l’émission. Là encore, une perle du genre.

Urgences, en 1997, avait poussé le défi encore plus loin : en plus d’être réalisé en camera embarquée par une pseudo-équipe de télévision venue réaliser un prétendu reportage dans le service des urgences du Cook County Hospital, l’épisode "Direct aux urgences" (s4e1) fut, comme son nom l’indique, diffusé en direct. Prouesse technique s’il en est, le direct vient logiquement renforcer le réalisme défendu par les producteurs de la série. Sur une idée de Georges Clooney, les acteurs et l’équipe technique ont ainsi dû jouer deux fois l’intégralité de l’épisode (pour la côte Est puis pour la côte Ouest), telle une gigantesque pièce de théâtre. France Télévisions, à l’époque, avait également rediffusé l’épisode en direct et donc forcément en pleine nuit.



A la Maison Blanche s’est également lancée le défi de la caméra embarquée à deux reprises. La première fois en mars 2004 lorsque, le temps d’un épisode ("Les coulisses du pouvoir" - s5e18) une équipe de télévision venait suivre une journée typique de la vie de CJ Cregg, porte-parole de la Maison Blanche. Identique à X-Files et Urgences dans le procédé utilisé, le faux-documentaire permet ici de dénoncer les effets potentiellement néfastes des médias sur la politique menée par un gouvernement : l’équipe de journalistes captent en effet des images qu’ils n’étaient pas censés voir et manquent de provoquer un incident diplomatique.
Mais la série va plus loin en novembre 2006 et se rapproche un peu plus de la prouesse d’Urgences en diffusant en direct l’épisode "Le grand débat" (s7e7) : opposant les deux candidats à la présidence lors d’un faux débat politique sur un plateau de télévision, la série joue avec les frontières du réel. Techniquement moins impressionnant qu’Urgences, l’épisode est cependant un tour de force des comédiens. Les dialogues, comme d’habitude ciselés au mot près, sont parfaitement déclamés par deux acteurs (qui ne comptent pourtant pas parmi les historiques de la série) littéralement habités par leur personnage. Encore un exploit.


L’exercice de la caméra embarquée, qu’il soit diffusé en direct ou pas, est toujours pour le spectateur l’occasion de découvrir des chefs d’œuvres d’écriture et de mise en scène. Comme si les difficultés supplémentaires suscitées par un tel format poussaient les scénaristes et les réalisateurs à se dépasser toujours plus. Modern Family, avec sa forme encore plus originale, vient de repousser un peu plus les limites de ce que la télévision peut offrir aujourd’hui. Un épisode magique, plus moderne que jamais.

vendredi 20 février 2015

Quand l'élève dépasse le maître


La série a à peine recommencé que la fin de la saison arrive déjà. A n’en pas douter, qu’on aime ou qu’on déteste, How to Get Away with Murder est l’un des évènements sériels incontournables de l’année. Et avec lui, il a amené un autre évènement qui a fait tout autant de bruit : le personnage de Connor Walsh. Chouchou du public, ce jeune avocat sexy et sans scrupule a rapidement attiré l’attention sur lui et sur Jack Falahee, le comédien bogosse qui l’interprète. Et ce, grâce à quelques scènes torrides qui ont enflammé les réseaux sociaux et à une micro-polémique qui s’en est suivi – menée par Shonda Rhimes herself – sur la place des personnages gays dans les séries grand public. Mais alors, Connor serait-il sur le point de prendre la place d’Annalise (Viola Davis), héroïne de la série ? Ce personnage pas si principal que ça serait-il capable de tirer la couverture à lui ? La saison 2 nous le dira (si saison 2 il y a) mais c’est fort possible. Et c’est déjà arrivé. Passage en revue de ces héros secondaires qui ont fini par attirer tous les projecteurs dans leur direction.

Barney Stinson (How I met your Mother):
il est de loin le personnage le plus mémorable de la série. Génialement interprété par le toujours parfait Patrick Neil Harris, c’est à Barney que revient toutes les répliques cultes de la série ("Haaaave you met Ted ?", "It’s gonna be legen… wait for it… dary !", "Suit up !") et les running jokes les plus attendues (le slap bet, le bro code). Pourtant à la base, Barney n’est pas spécialement mis en avant. Ni plus ni moins que ses potes. Il est même plutôt le faire-valoir de Ted. Mais le talent du comédien et la personnalité de Barney le propulsent rapidement sur le devant de la scène. Et peu à peu, tout ce qui concerne ce personnage devient hénaurme. Les scénaristes se lâchent, osent tout et adoptent même un style un peu particulier, plus absurde, pour écrire sur ce personnage. Quitte même à déséquilibrer la série : peu à peu, ça devient le Barney Stinson show et on en oublierait presque les quatre autres personnages. Très drôle, très (trop ?) présent, c’est pour lui qu’on regarde HIMYM



Jack McFarland et Karen Walker (Will and Grace):
Tout comme Barney Stinson, Jack et Karen sont à la base les faire-valoir respectifs de Will et Grace. Très vite pourtant, le duo attire l’attention sur lui et les deux personnages aussi barrés l’un que l’autre deviennent les véritables héros de la série dans le cœur du public. Bien sûr, la relation de Will et Grace reste au centre des problématiques mais peu à peu celles de Karen et de Jack gagnent en profondeur, tout en restant, il faut bien le dire, beaucoup plus drôles. La popularité des deux est telle qu’un spin-off centré sur ses deux personnages est même envisagé pendant un moment avant d’être oublié (en partie en raison du bide que fait Joey à ce moment-là).


Ari Gold (Entourage) :
A l’origine, l’agent de Vincent Chase avait une place bien à part dans la série. Plus âgé que les autres personnages, il ne fait pas partie de la bande de potes du héros. Il est quasi-anecdotique. Seulement voilà, le jeu survolté de Jeremy Piven et les répliques politiquement incorrectes de son personnage contribuent à faire de ce dernier le chouchou de la série. Larger than life, Ari ose tout et chacun de ses pétages de plomb provoquent l’hilarité. Les scénaristes finissent même par lui créer son univers propre avec la fameuse Mme Gold et Lloyd, son assistant souffre-douleur. Pourtant, la grande réussite de la série est, selon moi, d’avoir réussi à donner autant d’importance à Ari sans oublier les autres personnages qui gagnent eux aussi en profondeur au fil des saisons (#TeamTurtle).

Steve Urkel (La vie de famille):
Jusque-là, les exemples présentés concernaient des personnages inclus dans le casting d’origine. Ca n’est pas le cas de Steve Urkel. Totalement absent des premiers épisodes de la série, il n’apparait que dans le douzième épisode de la première saison. Celui qui ne devait faire, à l’origine, qu’une simple apparition devient très rapidement le pilier de la série. Voisin amoureux de Laura, la fille des Winslow, ce petit geek au look improbable et à la voix aussi aigüe qu’insupportable prend toute la place. Il est de tous les épisodes, de toutes les scènes. Il devient le visage de la série. Jolie performance de la part de Jaleel White qui aura, il faut bien le dire, du mal à se détacher de son image urkelienne.

Ben Linus (Lost) :
Comme Steve Urkel, Ben Linus n’était pas destiné à prendre autant d’importance dans la série de JJ Abrams. Engagé à l’origine pour trois épisodes, Michael Emerson impressionne pourtant les producteur dans son interprétation de celui qui se fait encore appeler Henri Gale. Son charisme et son ambiguïté fascinent, à juste titre. Sa storyline est alors allongée de quelques épisodes. Mais finalement, sa popularité est telle qu’il finit par devenir le chef des Autres, les fameux ennemis des survivants du vol 815. Acteur absolument génial, Emerson a contribué à faire de Ben Linus l’un des méchants les plus réussis du petit écran et a imposé son personnage au rang de régulier pendant plusieurs saisons.



Carol Hathaway (Urgences) :
Dans la série "mon personnage doit tout à ma prestation", Julianna "Carol" Margulies se pose un peu là aussi. Dans le script d’origine, Carol ne devait pas survivre à sa tentative de suicide à la fin du pilote. Mais les projections tests réalisées à l’époque démontrent que Carol obtient immédiatement la forte sympathie du public. Impossible pour les producteurs d’ignorer l’impact positif de Margulies sur les spectateurs: certaines scènes sont retournées en urgence (sic) pour indiquer que le personnage survit finalement à sa tentative. Et Carol se voit intégrée au générique de la série en tant que personnage principal. Sans devenir l’héroïne de la série, elle en est malgré tout l’une des rares représentantes de la gente féminine. Elle est également pendant bien longtemps la seule infirmière parmi cette équipe de médecins que sont les personnages principaux. Well done !

Amanda Woodward (Melrose Place):
En fin de saison 1, Melrose Place ne connait pas encore le succès qui sera le sien plus tard. Le personnage d’Amanda Woodward, interprété par la dynastique Heather Locklear, arrive pour perturber l’idylle naissante entre Alison et Billy. Commence alors la longue carrière de la reine des bi-atchs dans une série qui en compte pourtant un sacré nombre (Kimberly, Sydney, si vous me lisez…). Amanda devient la véritable pierre angulaire de la série. Il n’y en a plus que pour elle. A compter du moment où elle entre en scène, elle est la seule à apparaître dans tous les épisodes, jusqu’à la fin de série. Locklear maintient d’ailleurs ce statut privilégié en obtenant que son nom apparaisse au générique avec la mention "Avec la participation spéciale de". En 2009, lorsque les audiences du spin-off Melrose Place 2009 peinent à décoller, la chaine CW joue son va-tout en annonçant à grand renfort de promotion l’arrivée de la diabolique Amanda. Mais cette fois-ci, ça ne prend pas et la série est annulée à l’issue de sa première saison.

Joey Potter (Dawson) :
Au début, la série se focalise essentiellement autour des amours de Dawson et Joey, contrariées par l’arrivée de Jen (Michelle Williams, créditée alors comme premier personnage féminin). Mais rapidement, les scénaristes semblent ne plus savoir quoi faire du gentil quoique benêt Dawson. Alors on colle dans les pattes de Joey le non moins gentil Pacey, un brin plus charismatique. La belle se retrouve au cœur des intrigues. Il faut alors se rendre à l’évidence : c’est elle la clé du succès de la série ; le juvénile minois de Katie Holmes ainsi que ses mimiques maniérées y sont pour beaucoup. Dans les dernières saisons, cette suprématie du personnage est encore plus flagrante. Lorsque la série quitte Capeside et emménage à Boston, on y suit Joey et non pas Dawson, comme le titre de la série aurait pu le laisser penser. Elle est d’ailleurs la seule actrice du casting à faire partie de tous les épisodes de la série. Comme quoi, il aurait mieux valu appeler la série Joey’s Creek. Après tout, elle aussi y habitait, dans cette fameuse crique.



Le propre d’une série est d’être une œuvre de fiction qui évolue avec le temps, qui se transforme, qui grandit. Et parfois, la popularité d’un personnage ou le charisme d’un comédien forcent les scénaristes à emprunter des directions souvent inattendues aux débuts de ladite série. Et c’est là tout la beauté de l’écriture sérielle. Gageons que le cas de Connor Walsh n’échappe pas à la règle et suive les cas précédemment cités en s’imposant comme le futur personnage clé de HTGAWM.


Un merci tout particulier à mon ami Jean-Maxime Renault, que vous pouvez lire ici, et . Thks buddy! ;)

lundi 16 février 2015

Cucumber, Banana, Tofu : Queer as Food

En 1999, Russel T. Davies secouait la télévision britannique avec la série culte Queer As Folk : mettant en scène la vie de trois jeunes homosexuels de Manchester, QAF parlait ouvertement et sans tabou d’homosexualité, sujet encore relativement inédit dans le monde des séries. Quinze ans plus tard, dans un paysage audiovisuel plus ouvert à ce sujet, Davies remet le couvert mais frappe encore plus fort en proposant non pas une, ni deux, mais trois séries reliées les unes aux autres. Nommées d’après une étude qui classifie les différents états de l’érection masculine, le triptyque Cucumber-Banana-Tofu annonce la couleur d’emblée : on est là pour parler de sexe, sous toutes ses formes.


 Cucumber 
(durée des épisodes : 40 min)
Diffusée sur Channel 4 (qui avait déjà diffusé QAF en son temps), Cucumber présente les affres sentimentales et sexuelles d’Henry, homme de 45 ans qui a bien du mal à accepter son âge, son physique, son couple et sa sexualité. Séparé dès le pilote de son compagnon après 9 ans de vie commune, Henry emménage dans un loft aussi grand qu’improbable avec Dean et Freddie, deux jeunes gays tout juste majeurs.
Et c’est là que Cucumber trouve son vrai sujet en observant le choc des cultures qui oppose deux générations d’homos. La première (celle de QAF?), vieillissante, complexée et fragilisée par les années SIDA, a dû se battre pour se faire accepter dans la société. La seconde, totalement désinhibée (en apparence du moins) est née avec Facebook, Snapchat et Grindr et croque la vie à pleine dents. Peu à peu, les uns et les autres s’apprivoisent, s’adoptent, se rencontrent.  Et les membres de chaque "tribu" finissent par se trouver des points communs avec ceux d’en face.
Totalement barrée, voire trash, Cucumber n’y va par quatre chemins : ça parle cul, et ça en parle beaucoup ! Les scénaristes n’hésitent pas à pousser certaines scènes franchement embarrassantes le plus loin possible. Et c’est drôle ! Mais la série n’en oublie pas pour autant les sentiments de ces personnages, souvent écorchés vifs. Et c’est touchant. Les britanniques sont décidément passés maîtres dans l’art d’amuser et d’émouvoir simultanément avec des personnages pathétiques et des situations ridicules. En cela, le quatrième épisode de la série qui se déroule un samedi soir et qui suit les dates de cinq personnages, est un petit bijou d’écriture. Magnifique.



Banana
(durée des épisodes : 20 min)
Diffusée sur E4, la chaine à l’origine de la cultissime Skins, Banana emprunte quelques codes à cette dernière et  notamment celui de se focaliser sur un personnage par épisode. Au contraire de Cucumber qui feuilletonne et qui suit les mêmes personnages d’un bout à l’autre de la série, Banana est une anthologie : chaque épisode raconte la vie d’un perso secondaire -voire carrément anecdotique- croisé dans Cucumber. Vingt minutes pour raconter une histoire. Autant de courts-métrages brillants.
Si Cucumber parle essentiellement des hommes gays, Banana choisit d’aborder toutes les sexualités, tous les genres et toutes les identités d’une nouvelle génération LGBT qui s’assume peut-être plus facilement que les précédentes, mais qui a encore bien du mal à trouver sa place dans un monde hétéronormé.
Plus pop, plus jeune, plus clipesque et tout aussi bien réalisée, Banana est capable, comme Cucumber, d’être bien barré par moment. Le personnage extraverti de Dean avec qui on entame la série est un peu déroutant et pas forcément des plus intéressants. Mais c’est lorsqu’elle est touchante que la série est la plus réussie. N’importe quelle situation, même improbable, peut vous tirer des larmes. Je pense à Scotty dans l’épisode 2. Et je pense au magnifique épisode 4 tourné autour du personnage d’une jeune femme trans.
Peut-être la plus aboutie du triptyque. En tout cas, celle qui me plait le plus jusque-là (quoique…).


Tofu
(durée des épisodes : 10 min)
Tofu est une websérie. Une sorte de petit bonus diffusé sur le site 4oD, le site de VoD de Channel 4 et E4. Un documentaire qui donne la parole aux comédiens des deux autres séries mais également à des anonymes, homos ou hétéros, venus parler de… sexualité (pour changer !).
Pas vraiment abouti dans sa forme, Tofu est également un peu légère sur le fond. Des choses intéressantes y sont dites, mais c’est souvent trop rapide, un peu brouillon, pas assez développée. En fait, tout dépend évidemment du sujet abordé. L’épisode sur le coming-out, avec son sujet plus ciblé, est plus réussi que le pilote par exemple, qui part un peu dans tous les sens.
Tofu a quand même la particularité de mêler à ces interviews des séquences décalées, permettant d’expliciter ce qui est dit dans l’épisode. Parfois très réussies (le monde futuriste du pilote et ses sites de rencontres en hologramme sont une brillante idée), ces scènes peuvent aussi laisser perplexe. Là aussi, ça reste bancal.



Russel T. Davies nous propose donc trois séries qui viennent à nouveau mettre un coup de pied dans la fourmilière en abordant frontalement les problématiques de personnages LGBT. Plus provocantes que Looking, leur cousine américaine, Cucumber, Banana et Tofu contribuent aussi à faire avancer les mentalités en proposant des histoires plus chocs mais avec des personnages tout aussi attachants.